lundi 25 mai 2009

L’héritage politique de Jacques Roumain, un véritable rassembleur


En Haïti, l’année 2007 est depuis le 9 février décrétée Année Jacques Roumain. Conférences-débats, projection du film « Gouverneurs de la Rosée », suivant un roman posthume de Roumain, se multiplient. Dans ses Forums Libres du Jeudi, le Centre Pétion Bolivar donne la parole aux héritiers de cet illustre écrivain et homme politique haïtien du XXe siècle…
P-au-P, 27 Mars 07 . « L’héritage politique de Jacques Roumain » était au centre des débats, le jeudi 22 mars 2007 à l’hôpital Le Plaza, dans le cadre du « Forum Libre du Jeudi » organisé par le Centre Pétion Bolivar sous les auspices de la Fondation Friedrich Ebert.
« L’héritage politique de Jacques Roumain c’est la volonté de rassembler tous les courants politiques, les forces progressistes », a laissé entendre l’historien haïtien, Michel Hector, hospitalisé, qui, malheureusement, ne pouvait pas être présent physiquement au débat.
L’intervention de Michel Hector, qui vient d’être opéré, a été projetée sur grand écran à l’attention de l’assistance, dont des membres de la famille de Jacques Roumain ainsi que des hommes politiques.
Hector a présenté les deux dimensions de Jacques Roumain à partir de ses études sociales sur Haïti ainsi que son action politique durant ses 37 ans d’existence, de lutte politique et sociale pour une Haïti meilleure.
Pour l’écrivain Lyonel Trouillot, « le politique en Roumain a une énorme dimension idéologique ».
Trouillot a campé Jacques Roumain dans ses différentes facettes tout en invitant les jeunes Haïtiens, universitaires et autres, à lire les écrits journalistes de cet illustre intellectuel et homme d’Etat haïtien.
« Il faut mettre les textes journalistiques de Roumain à la disposition de la jeunesse », recommande-t-il.

Dans ses écrits, Roumain s’en prend au préjugé de couleurs, au mépris populaire, à l’Église catholique qui s’était lancée dans une campagne anti-superstitieuse dans le pays.
« Ne croyant en aucun Dieu, Roumain ne voulait qu’aucune religion soit dominante par rapport à d’autres », souligne Lyonel Trouillot.
Le côté humaniste de Jacques Roumain a été surtout abordé par son neveu Claude Roumain et cela s’est traduit dans son roman fleuve « Gouverneurs de la Rosée ».
Ce roman est le plus connu mais pas le seul ouvrage de Jacques Roumain. A cela, s’ajoutent « Les Fantoches », « La Montagne ensorcelée ». Des textes poétiques, tels « Poèmes de l’époque indigéniste », « Chanson du prisonnier pour son petit garçon », « Bois d’ébène » ainsi que des Essais, dont « A propos de la campagne antisuperstitieuse », ont été publiés par l’auteur.
Philosophe et Sociologue de formation, Claude Roumain a tenu à signaler que le premier acte public de Jacques Roumain est une lettre écrite en 1925 à Joseph Jolibois Fils, à travers laquelle le jeune Roumain, âgé de 18 ans, manifesta sa volonté de participer à la lutte contre l’occupation américaine d’Haïti.
En 1927, Jacques Roumain abandonna son université en Suisse et rentra en Haïti pour lutter contre l’occupant. Par cet acte, Claude Roumain voit en son oncle « un nationaliste engagé, convaincu, combattant ».
Le communisme, qui germe en lui, ne l’empêche pas d’être ouvert à tous les secteurs politiques. Pour préparer la visite en Haïti de son ami Nicolas Guillén, Jacques Roumain avait invité les représentants de toutes les couches sociales et de toutes les tendances politiques. Même le docteur François Duvalier était invité en la circonstance, soulignent les panélistes.
Grand Amateur de Boxe, Jacques Roumain fut champion à une compétition de boxe dans son université à Zurich.
Pour corroborer ses arguments, Claude Roumain a lu certaines citations tirées d’un recueil d’œuvres complètes de Jacques Roumain, publié par Léon-François Hoffmann, spécialiste de la littérature et de la culture d’Haïti.
« Aujourd’hui, nous constatons avec tristesse la disparition du militantisme politique au profit de l’individualisme. Le sens de notre engagement politique nous échappe », constate avec amertume Claude Roumain, homme politique et membre fondateur de l’Alliance Démocratique (ALYANS) qui regroupe le parti Konvansyon Inite Demokratik (KID) et Génération 2004.
Claude Roumain, qui est également un héritier politique de Jacques Roumain, croit nécessaire de réfléchir aujourd’hui sur le vrai sens du combat collectif à engager pour la construction d’une nouvelle Haïti, d’une Haïti où il fait bon vivre.
Le cinéaste et économiste Arnold Antonin, modérateur à ce panel, regrette que la lecture du roman « Gouverneurs de la Rosée » ne trouve pas l’attention des jeunes Haïtiens. Selon Arnold Antonin, les jeunes de nos jours sont beaucoup plus intéressés à lire Racine, Corneille ou la Sainte Bible.
L’Historien Michel Hector, l’écrivain Lyonel Trouillot et le Philosophe et homme politique Claude Roumain étaient les principaux intervenants à ce panel qui a attiré très peu de monde, en raison des intempéries qui s’abattent sur Haïti depuis plusieurs jours.
Le Forum Libre du jeudi 22 mars 2007 permet à plus d’un de découvrir et de redécouvrir en l’auteur de « Gouverneurs de la Rosée », un vrai rassembleur.
Fondateur du Parti Communiste Haïtien en 1934 dont il fut le Secrétaire général, Jacques Roumain déclara qu’il est communiste et qu’aucune puissance au monde ne peut l’enlever ce droit.
Né le 4 juin 1907, Jacques Roumain, est décédé en 1944 à l’âge de 37 ans.








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